Paul-Laurent ASSOUN

Psychanalyste, professeur Paris 7

Et si les murs avaient des oreilles ? C'est ce que suppose qui soupçonne l'autre de tendre une oreille indiscrète à ses conversations. Si le mur est l'opposé du miroir, en ce qu'il absorbe en aveugle toute image, ce que sait le prisonnier entre ses quatre murs, il arrive qu'ils se mettent à causer... par les graffiti. Miroir minéralisé en quelque sorte qui donne valeur d'écho pétrifié à la voix. On sait qu'au bord du Mur qui accueille les lamentations, quelque chose de la Voix de l'Autre se répercute, qui donne son ampleur symbolique à la puissance d'in-vocation, par les reliefs du Temple. Ainsi s'éclaire le propos de celui qui « parle aux murs », en revenant sur les lieux où il fut interdit de parole. Vocation à dire un sujet emmuré dans le langage, dont il revient la tête en sang —ce que démontrent les déboires du parlêtre confronté à sa propre surdité, jusque dans l'appel amoureux. Les lettres de pierre nous ramèneront ainsi à la clinique, par la mise à jour, au-delà des voix du fantasme, à un « délire d'observation »... vocal.