Claire GILLIE


Psychanalyste, musicologue

Diapositive4Recluses au nom d'un désir religieux, ou pour des raisons de précarité sociale, il arrive que des femmes choisissent l'isolement, l'exclusion, et « se cloîtrent dans le silence ». Ce sont des abstinentes de la parole publique : leur silence éloquent, intime, en prend le relais.
Emmurées volontaires au nom du Père, recluses vocales à perpétuité, elles se font les épouses du Fils se coupant d'une voix devenue parure superflue. Elles deviennent selon Arthur Rimbaud « les esclaves de l'époux infernal, celui qui a perdu les vierges folles ». Jean-Paul II parlera, lui, de leur « vraie 'folie' du cœur ».
Que peut dire la psychanalyse de ces voix virginales, consacrées au grand Autre, et qui ne cèdent pas sur leur désir religieux ? Se cloîtrer dans le silence est-il l'autre nom de baptême de « l'anorexie vocale » ; à moins qu'il ne soit de l'ordre d'une « frigidité vocale » qui se ferme à la rencontre des petits autres ?
Il y aurait chez ces femmes, une logique du « rien » élevé à la hauteur du bien suprême. Cette virginité vocale qui pulse au Nom du Père serait réservée, dédiée à l'Autre divin. Le silence en règle la portée, devenant tabernacle de la parole et du désir de cet Autre. L'architecture du cloître n'en serait que l'enveloppe formelle
Hors les murs du monastère, quelle est cette douleur d'exister du patient qui n'arrive plus à se localiser dans sa parole ou dans celle de l'autre, et choisit de vivre reclus à perpétuité dans le silence ?
Muette comme une tombe, est celle qui se fait le gisant de pierre recouvrant son désir enterré avant l'heure. Un silence de mort qui se fait a(r)mur(e), et dénonce la béance ouverte sur le rien. Continuer pour l'analyste à entendre dans ce chaos pétrifié, c'est laisser la chance à un murmure d'échapper au silence et de se faire Dire

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